Pourquoi les virus de chauves-souris sont-ils aussi dangereux ?

Les épidémies virales les plus sévères proviennent de la chauve-souris. Si cette observation ne constitue pas une nouvelle à part entière, des chercheurs californiens semblent avoir trouvé une explication à ce phénomène.

Le Covid-19 ou nouveau coronavirus n’est pas la seule maladie à proliférer dans l’organisme de la chauve-souris, loin s’en faut. Le MERS, Marburg et Ebola y ont également trouvé un terrain propice à leur développement. 

Des chercheurs de l’Université de Berkeley suggère que le système immunitaire du seul mammifère volant s’avère très favorable à la prolifération du virus. Leurs résultats ont été très récemment publiés dans la revue scientifique spécialisée eLife. Leur étude montre plus précisément que l’infection virale précède une réponse immunitaire rapide qui enferme les virus à l’extérieur des cellules

L’effet positif pour l’animal porteur du  Covid-19 ? Il n’est pas infecté par une charge virale conséquente. Le revers de la médaille ? Le virus parvient à se reproduire plus vite qu’à l’accoutumée dans le but de parer à cette réponse rapide.

“Cette réponse immunitaire féroce les épargne d’être malades, or elle aide aussi les virus à causer davantage de dommages lorsqu’ils sont transmis à une  autre espèce porteuse – comme l’humain – dont le système immunitaire n’est pas aussi performant” commente l’un des auteurs.

Selon Jean-Pierre Vaillancourt, directeur adjoint de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal, la chauve-souris produit davantage d’interférons, des protéines qui inhibent la prolifération des cellules et stimulent les défenses immunitaires.

Les chercheurs s’interrogent également sur l’augmentation de la transmission des virus entre les animaux et les humains. Cara Brook, l’une des auteurs de l’étude, estime que les “menaces environnementales accrues” auxquelles ces espèces sont exposées peuvent favoriser la zoonose – des maladies et infections dont les agents se transmettent naturellement des animaux vertébrés à l’être humain.

Vaillancourt conforte cette hypothèse et rappelle l’existence dans la société chinoise de marchés d’animaux vivants et la cohabitation entre de grandes densités animales et des densités humaines importantes.

“Je ne pense pas que les virus n’existaient pas jadis. Désormais, on a plus de risques d’être en contact” ajoute Marc-André Gnanon, spécialiste des maladies virales animales qui enseigne à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

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steeve

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