Pluton, dernières neiges avant l’espace interstellaire

La neige n’est pas, loin s’en faut, l’apanage de la Terre dans le système solaire. Les données de New Horizons le révèlent : il neige sur Pluton. Et si cela peut sembler somme toutes normal sur l’astre gelé, les données réservent de grosses surprises.

Classe de neige sur Pluton

La sonde New Horizons n’en finit pas de révéler les merveilles et les mystères de Pluton. La planète naine, située, selon son orbite, entre 30 et 49 fois plus loin du soleil que la terre, est un enfer gelé, mais pas inactif, loin s’en faut.

C’est une étude menée par un chercheur français, publié dans Nature Communications, qui l’explique : Pluton est recouvert de nombreux dépôts de méthane, soit dilué dans l’azote, soit sous forme de glace riche en méthane.

Dans la sombre région équatoriale de Cthulhu, on observe un gel brillant contenant du méthane qui recouvre les bords et les parois des cratères ainsi que les sommets des montagnes, ce qui donne une ressemblance spectaculaire avec les chaînes de montagnes terrestres enneigées. Cependant, l’origine de ces dépôts reste énigmatique.

Des simulations numériques à haute résolution du climat de Pluton ont montré que les processus qui les forment sont susceptibles d’être complètement différents de ceux qui forment le manteau neigeux de haute altitude sur Terre.

Sur Terre, plus on s’éloigne du sol, plus il fait froid. Sur Pluton, c’est l’inverse. Le phénomène n’est pas non plus inconnu sur notre planète, en réalité : dans la stratosphère, entre 12 et 50 kilomètres d’altitude, il fait à nouveau chaud, ceci grâce à la couche d’ozone qui absorbe le rayonnement solaire.

L’atmosphère plutonienne est très ténue, beaucoup mois épaisse que celle de la Terre, et l’équivalent de sa stratosphère se trouve à hauteur des pics montagneux. Pas d’ozone là, mais du méthane, sur lequel le rayonnement solaire agit pareillement. Ainsi, si la température au sol est de – 230 degrés, elle peut s’élever pour atteindre – 170 dans les hautes couches de l’atmosphère.

La différence de température crée ainsi un phénomène de condensation sur les sommets de la planète naine, qui se couvrent d’une couche de méthane condensé puis gelé. Il n’y a ainsi pas de chutes de neige de méthane à proprement parler, mais une accumulation de gouttelettes gelées au fur et à mesure de leur formation.

Ce n’est pas la seule curiosité de Pluton : plus loin, on peut voir, sur les photos de New Horizons, un glacier entier de méthane, et, aux pôles, des calottes d’azote gelé. Seul un simulateur de planète pourrait permettre de percer les mystères de Pluton, qui réserve encore, et pour de nombreuses années, bien des surprises.

Source : www.nature.com

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Guillaume

Passionné par l'espace et la littérature, je mets à profit ma vision du monde scientifique dans la rédaction de Science Expert en tant que journaliste indépendant. Je vis en Bretagne.

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