L’insécurité alimentaire serait un facteur de risque d’obésité chez le nourrisson
Les nourrissons des ménages à faible sécurité alimentaire peuvent présenter un risque d’obésité plus élevé. C’est la conclusion d’une étude réalisée ces dernières années aux Etats-Unis et parue ce 28 août 2020 dans la revue Pediatrics.
Cette recherche financée par le National Institutes of Health a débuté en 2013 et s’est achevée en 2017. L’auteure principale est Sara Benjamin-Neelon, professeur au Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, dans le Maryland. Avec son équipe, elle a suivi 666 nourrissons vivant dans des ménages en Caroline du Nord. La majorité d’entre eux étaient afro-américains (68,6%) et 55,4% des foyers participant à l’étude déclaraient des revenus annuels inférieurs à 20 000 dollars.
Les chercheurs ont rendu visite à 4 reprises à ces ménages, quand les nourrissons avaient 3, 6, 9 et 12 mois. De plus, ils ont interrogé les mères par téléphone 8 fois au cours de l’année.
Pour déterminer les risques de surpoids, ils ont comparé le poids et la taille des nourrissons aux mêmes indicateurs d’une population mondiale de nourrissons en bonne santé.
Les auteurs de cette étude ont constaté que les nourrissons de ménages classés dans la catégorie de sécurité alimentaire faible ou très faible avaient tendance à entrer dans cette catégorie de risque de surpoids de l’âge de 3 mois à 12 mois (53,2% à 66,9%), tandis que les nourrissons de ménages à la sécurité alimentaire élevée ont eu tendance à sortir de cette catégorie (46,8% à 33,1%) au cours de la période étudiée.
Comment expliquer cette tendance ?
Selon Benjamin-Neelon, bien que les nourrissons consomment des aliments limités au cours des 6 premiers mois, l’insécurité alimentaire demeure associée à des régimes alimentaires de qualité inférieure qui favorisent l’obésité. Une autre raison peut être liée à la pratique d’alimentation de ces publics. Cette auteure émet l’hypothèse que ces mères, voulant s’assurer que leur nourrisson soit suffisamment nourri, seraient susceptibles de le suralimenter voire d’occulter les signes de satiété, en soutenant par exemple le biberon ou en encourageant l’enfant à le finir.
“Les résultats sont particulièrement pertinents aujourd’hui, lorsqu’il y a une telle insécurité alimentaire généralisée aux États-Unis, en raison de la crise du COVID-19”, explique Benjamin-Neelon.
Près de 13% des new-yorkais sont en situation d’insécurité alimentaire selon un article publié en mai dernier dans le quotidien Le Monde. En février 2020, le taux de chômage s’établissait à 3,5% au Pays de l’Oncle Sam, son plus bas niveau en 50 ans. Six mois plus tard, il s’élevait à plus de 10%.