Le vaccin à ARN, qu’est-ce que c’est ?

Pour trouver un vaccin contre le Covid-19, une des solutions envisagées est de passer par une formule à base d’ARN. Une technologie nouvelle, qui fait rêver ou effraie, mais qu’est-ce que c’est exactement ?

ARN, pour Acide RiboNucléique

C’est Pfizer qui a tiré le premier : le laboratoire a fait coup double en étant le premier à annoncer un vaccin avec un taux de réussite mesurable contre le Covid, et le premier également à proposer un vaccin à base d’ARN. Une technologie récente, puisque l’étude de l’ARN en tant que molécule médicamenteuse date du début des années 90, mais dont les premiers essais sur des agents infectieux ne datent que de 2012.

L’ARN, c’est l’Acide RiboNucléique, une molécule complexe très proche de l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique) dont il est un parent proche. La structure de l’ARN est en hélice (monocaténaire) alors que l’ADN est en double hélice.

L’ARN intervient dans les réactions chimiques du métabolisme cellulaire, et sert aux cellule à synthétiser les protéines dont elles ont besoin, entre autres utilités. C’est l’ADN qui va structurer les chromosomes et l’ARN qui va les activer, notamment.

Comparaison de structure entre une hélice d’ARN et une hélice d’ADN

Il y a vaccin et vaccin

Globalement, il existe deux grandes familles de vaccins : celles qui contiennent des virus et les autres.

La première famille est l’historique, celle des vaccins à virus, qui comprend elle même deux familles. La première, c’est celle dite des virus vivants atténués, qui comportent une version du pathogène affaiblie, et la second les virus inactivés, qui contient le pathogène rendu incapable de se reproduire.

Dans les deux cas, l’objectif est d’apprendre à l’organisme du vacciné à reconnaître le virus, à apprendre à l’éliminer, et à savoir comment faire la prochaine fois qu’il y sera confronté.

La seconde famille des vaccins, très récente, est celle qui ne contient pas d’agents pathogènes. C’est l’introduction d’une protéine, d’une toxine ou d’un agent viral (qui n’est pas le virus) créé artificiellement qui permettra à l’organisme d’apprendre à fabrique les anticorps nécessaires à l’élimination du pathogène en cas de confrontation.

Le Vaccin à ARN appartient à cette famille.

Un vaccin à l’ARN, comment ça marche ?

Plus précisément, le vaccin conçu par Pfizer est un vaccin qui s’appuie sur la technique de l’ARN messager. Il faut, avant de poursuivre, rappeler que ce qui va suivre est une version très simplifiée du processus.

Produire un vaccin à ARN consiste à identifier une protéine spécifique au virus, puis à synthétiser (produire artificiellement) son code ARN dans un brin auquel on ajoute d’autres protéines qui vont permettre à l’organisme d’interpréter l’information. L’ARN aura pour mission de produire cette protéine, tout en expliquant à l’organisme comment l’éliminer.

On peut, métaphoriquement, voir le vaccin à ARN comme un message codé comprenant une caractéristique spécifique du danger, accompagné de la clef de codage. L’ARN est chargé d’expliquer à l’organisme qu’un pathogène comprenant cette protéine doit être détruit.

Les avantages d’un vaccin à ARN sont multiples. D’une part, les études in vitro ont découvert qu’un vaccin à ARN messager déclencher les deux types de réponse immunitaire de l’organisme, l’immunité innée, qui permet à l’organisme de riposter avec ses propres armes, et l’immunité humorale, qui permet de produire les anticorps spécifiques.

D’autre part, en identifiant le pathogène par une protéine spécifique, rend le vaccin moins sensible aux mutations du virus : le Covid pourra muter, tant qu’il contient cette protéine spécifique, il pourra être reconnu.

Enfin, un vaccin à ARN n’a pas besoin d’adjuvants. Sa recette en est très simple, le brin d’ARN encapsulé dans une bulle lipidique, et… C’est tout. La connaissance acquise sur l’ARN ces dernières années permet de surcroît d’en fabriquer rapidement de grandes quantités pour un très faible coût.

Aucun inconvénient, donc, à ce vaccin à ARN ? Il y en a trois. Le premier, c’est le manque de recul sur ce type de vaccins et ses effets à long terme. Le second, c’est la trop bonne réponse de l’organisme : un vaccin à ARN dont la cellule de lipide serait trop fragile serait éliminé par l’organisme avant d’avoir eu le temps de faire effet.

Et le troisième est celui qui pose le plus de problèmes : sa fragilité. Le vaccin de Pfizer doit être impérativement conservé à moins 80 degrés. Ce qui pose d’évidents problèmes, la chaîne du froid devant être parfaite de bout en bout et l’injection ne pouvant se faire que dans un centre équipé de cuves d’azote liquide importantes.

Mais il s’agit néanmoins d’une avancée, même si d’autres vaccins se réclament d’une efficacité supérieure. L’ARN a déjà démontré son efficacité dans la lutte contre certains cancers, et pourrait demain bouleverser la façon dont sont produits les vaccins.

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Guillaume

Passionné par l'espace et la littérature, je mets à profit ma vision du monde scientifique dans la rédaction de Science Expert en tant que journaliste indépendant. Je vis en Bretagne.

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