La reconnaissance faciale pour anticiper les agressions dans des commerces britanniques
Au Royaume-Uni, une enseigne de supermarchés rapporte avoir amélioré la sécurité de ses employés en tirant profit de la reconnaissance faciale. Le groupe de défense des droits civiques Big Brother Watch a jugé “effrayant” que cette technologie soit exploitée par une entreprise contre ses propres clients.
De l’autre côté de la Manche, Southern Co-operative a recours depuis quelques temps à des systèmes de reconnaissance faciale à l’entrée de ses établissements.
A quelle fin ? Sa direction indique qu’elle fait appel à cette technologie dans 18 de ses magasins du sud de l’Angleterre pour réduire les vols à l’étalage ainsi que les violences que subissent ses collaborateurs.
Si aucune annonce publique de l’utilisation de ce système n’a été faite, Southern Co-operative informe tout de même ses clients de son existence. C’est une solution développée par la société Facewatch qui est exploitée dans les établissements de Southern Co-operative, un « système de sécurité de reconnaissance faciale basé sur le cloud » selon son concepteur.
Gareth Lewis, responsable de la prévention des pertes de la Southern Co-op a expliqué ce qui a motivé son organisation à adopter cette approche.
“Nous avons constaté une augmentation de 80% des agressions et des violences contre nos collègues des magasins. L’objectif de notre utilisation limitée et ciblée de la reconnaissance faciale est d’identifier quand un récidiviste connu entre dans l’un de nos magasins” a indiqué Lewis.
Que se passe-t-il lorsque lesdits récidivistes sont identifiés ? “Cela donne à nos collègues le temps de décider des mesures à prendre, par exemple leur demander de quitter poliment les lieux ou avertir la police s’il s’agit d’une infraction à une ordonnance d’interdiction” ajoute le cadre de la Southern Co-op.
Le groupe de défense des droits civiques Big Brother Watch n’a pas tardé à réagir par l’intermédiaire de son directeur Silkie Carlo : « Voir une entreprise prétendument éthique faire secrètement usage de technologies abusives comme la reconnaissance faciale sur ses clients au Royaume-Uni est profondément effrayant.”
Les “inexactitudes” dont la technologie fait selon qui l’objet aboutissent “à ce que des personnes innocentes soient signalées à tort et inscrites dans des bases de données criminelles. »
« La reconnaissance faciale en direct est plus fréquente dans les dictatures que dans les démocraties. (…) Nous les invitons à abandonner immédiatement ces caméras de type Big Brother ».
La Southern Co-operative s’est défendue en déclarant d’une part que des panneaux d’affichage annonçaient aux clients le recours à ce système, d’autre part qu’il était bien conforme au RGPD (Réglement européen sur la protection des données).
Cet été, l’enseigne Sainsbury’s a utilisé dans plusieurs de ses magasins un détecteur de dissimulation qui repose sur la technologie de l’intelligence artificielle, lui permettant de repérer les clients qui empochent un article et auquel cas d’envoyer une courte vidéo d’alerte au personnel de sécurité.
Le supermarché s’est associé à la start-up ThirdEye, qui assure que son système a permis d’éviter 5 591 tentatives de vol.