Améliorer la ventilation des bâtiments pour éviter une prochaine pandémie
Selon un groupe de 39 chercheurs répartis dans 14 pays, il est primordial d’améliorer les systèmes de ventilation intérieur si l’on souhaite se prémunir d’une nouvelle pandémie mondiale au cours des prochaines années.
Les scientifiques en question ont défendu leur théorie dans un article “Perspectives” paru dans la revue Science le 14 mai dernier. Pour eux, il faut agir, et agir rapidement. “Il n’y a plus de temps à perdre jusqu’à la prochaine pandémie. Nous avons besoin d’un effort sociétal. Quand nous concevons un bâtiment, nous ne devons pas simplement mettre en place le minimum de ventilation possible, il convient de prendre aussi en considération les maladies respiratoires existantes, telles que la grippe, et les futures pandémies” a expliqué le co-auteur Jose-Luis Jimenez, chercheur à l’Institut coopératif des sciences de la recherche (CIRES) et professeur de chimie à l’Université du Colorado, à Boulder.
Lidia Morawska, auteure principale de l’article et directrice du Laboratoire international pour la qualité de l’air et la santé de l’Université de technologie du Queensland, imagine déjà les caractéristiques des futurs bâtiments que nous devrions bâtir. Les occupants ou exploitants devraient pouvoir gérer de manière optimale ces systèmes de ventilation en fonction de l’occupations des pièces, des activités et des rythmes respiratoires différents. Entre une salle de cinéma peu fréquentée où le public est assis et une salle de sport bondée, les conditions devraient ainsi pouvoir varier significativement.
Jusqu’à présent, il n’existe actuellement aucune directive qui réglemente ou fournit des normes pour atténuer les bactéries ou les virus dans l’air intérieur dans les bâtiments. La consommation d’énergie, la température, la gestion des odeurs et la qualité de l’air perçue sont les principaux aspects qui retiennent actuellement l’attention des constructeurs.
Quid des espaces dont la ventilation ne peut être améliorée pour des considérations techniques ? La filtration de l’air et des opérations de désinfection devraient alors y être envisagées selon la scientifique australienne d’origine polonaise. A ceux qu’ils lui opposeraient qu’il serait trop coûteux de changer de paradigme en matière de construction, elle sous-entend que les investissements seraient loin d’être faramineux.
A titre de comparaison, le coût de la grippe aux Etats-Unis s’élève chaque année à 11,2 milliards de dollars, celui du Covid-19 avoisinerait 1 milliard par mois. Bien qu’une analyse économique détaillée reste à faire, les estimations suggèrent que les investissements nécessaires dans les systèmes de construction peuvent représenter moins de 1% du coût de construction d’un bâtiment conventionnel.
En France, le docteur Jérome Marty, qui intervient régulièrement dans l’émission Les Grandes Gueules mais aussi sur les chaînes de télévision d’info en continu (Cnews et BFM TV) exhorte depuis de nombreux mois les autorités à se préoccuper des problématiques d’aération. Il a en effet expliqué que “l’une des principales voies de contamination, c’est le fameux nuage viral, qui flotte et peut être respiré par tout le monde.”