Une molécule de vie sur Venus ?
C’est une communication qui fait grand bruit : une molécule, la phosphine, dont la présence est un indice fort de l’existence de la vie, a été repérée sur Vénus. Et la surprise est de taille, au vu de l’environnement rien moins qu’inhospitalier. Mais l’univers est plein de surprises…
Une découverte majeure
La phosphine : voici le nom de la molécule qui agite le petit monde de l’exobiologie, à savoir l’étude de la vie en dehors de la planète Terre. Du moins, de sa recherche, dans un premier temps. Et la phosphine est un marqueur considéré comme assez fiable de la présence de formes de vie.
Là où la surprise est totale, c’est quand à l’endroit où l’on a détecté ces molécules de phosphine. Pas sur Europe, dont la surface glacée abrite sans doute un océan d’eau liquide et des sources chaudes. Pas sur Titan, le satellite de saturne, dont l’environnement prébiotique est riche. Pas non plus sur Mars, planète morte où l’espoir n’est pas perdu de découvrir des reliques d’une vie primitive.
C’est sur Vénus que cette molécule a été détectée, soit un des nombreux endroits du système solaire où la vie est hautement improbable.
Vénus est une des trois planètes rocheuses situées dans la zone habitable du Soleil (Mercure est beaucoup trop proche et Pluton beaucoup trop loin), avec la Terre et Mars, et elle est sans doute celle où règnent les pires conditions. Si les spécialistes de Mars cherchent à déterminer combien de temps un être humain pourrait rester en vie à la surface de la planète, les spécialistes de Venus ne se préoccupent pas du sujet : les chances pour un humain d’arriver vivant au sol sont nulles.
Le champ magnétique de Venus est beaucoup plus faible que celui de la Terre, la planète disposant, de fait, d’une magnétosphère inexistante, et donc d’aucune protection conter les vents solaires. Son atmosphère est constituée à 96 % d’oxyde de carbone, la pression au sol équivalente à 92 fois celle de la Terre, et la température moyenne de sa surface oscille entre 450 et 490 degrés.
Atmosphère toxique, pression écrasante, chaleur infernale et les radiations solaires, la présence de phosphine dans l’atmosphère ne manque pas d’étonner, voire de stupéfier, puisque, jusqu’à présent, la molécule a été détectée uniquement sur Terre, et elle est un marqueur de la vie.
Emballement médiatique
Marqueur de la vie, c’est néanmoins sauter un peu vite aux conclusions. La Pr Greaves, qui a dirigé l’étude publiée lundi dans Nature Astronomy, insiste, tant dans le texte que lors de ses déclarations : non, ils n’ont à aucun moment affirmé avoir trouvé de la vie, juste le signe d’une activité chimique anormale. La nuance est de taille.
Il faut dire que l’univers est vaste, et encore plein d’inconnu ou d’incompréhensions. L’exemple de Jocelyn Bell et Anthony Hewish est le plus célèbre : dans le cadre d’une expérience, les deux chercheurs captèrent un signal qui fut interprété, par ses caractéristiques, comme d’origine extraterrestre, et fut baptisé LGM1, pour Little Green Men 1. Il s’avéra ensuite que le signal était celui d’un pulsar, un objet que personne n’avait capté jusqu’alors.
La formation de phosphine peut se faire par d’autres procédés, dits abiotiques, sans intervention de la vie, mais c’est la quantité détectée qui étonne et pousse certains à réfuter cette hypothèse.
Si la vie existait sur Venus, à qui ressemblerait-elle ? Sans doute à des microbes flottant dans les nuages de la planète, où les conditions sont moins hostiles. Ce n’est pas à exclure : la NASA a découvert la présence de vie microbienne dans les hautes couches de l’atmosphère terrestre.
Le mystère reste entier, donc, et c’est pourquoi l’équipe à l’origine de la découverte souhaite des investigations plus poussées, à l’aide d’un télescope spatial, voire d’une sonde. Affaire à suivre.
Mais s’il s’avérait que la vie pouvait apparaître dans des endroits aussi inhospitaliers, cela ouvrirait des terrains de recherches insoupçonnés, voire mettre les géantes gazeuses dans la course à la vie.
Ce qui, pour le coup, serait réellement stupéfiant.